Dimitri Payet fait partie des rares satisfactions et il devrait constituer un élément de base du FCNA la saison prochaine. A moins que la descente en L2 ne l’incite à réclamer un bon de sortie. Dimitri Payet, quel regard portez-vous sur votre saison sachant que vous avez réellement découvert la L1 cette année ?La Ligue 1, c’est un autre niveau. C’est autre chose que le championnat de CFA. Malgré les difficultés que connaît le club, c’est une expérience extraordinaire à vivre. Cette saison, j’ai le sentiment d’avoir progressé dans plusieurs domaines. Par exemple, j’aborde les rencontres avec beaucoup moins de pression. Dans le jeu, je sens mieux les coups. Mon poste nécessite une bonne entente avec Franck (nldr : Signorino) et les autres potes du milieu. Ça se travaille, c’est une histoire d’automatismes.
Votre ascension est fulgurante. Vous avez effectué quelques apparitions en Ligue 1 la saison dernière et vous voilà déjà sélectionné en équipe de France Espoirs…C’est une situation que je vis bien, sereinement. C’est la récompense du travail que j’ai fourni. Mais je ne suis pas du genre à me reposer sur mes acquis. J’ai encore beaucoup de choses à travailler.
A titre personnel, la saison a peut-être été bénéfique mais au niveau collectif, elle a tourné au fiasco…J’ai toujours dit que quand on débutait une saison, l’objectif était de jouer le haut de tableau. Cette saison ne correspond pas à nos attentes et à nos ambitions. Mais il faut se servir de cette expérience. Elle peut nous apporter. C’est aussi dans la difficulté qu’on se forge un caractère. Je le répète, par rapport à la Ligue 1 que j’ai découverte cette saison, j’ai vécu des choses extraordinaires avec le groupe et des matchs intenses.
Quels moments retiendrez-vous en particulier ?La Ligue 1, ce sont souvent des ambiances impressionnantes ! Je prends pour exemple le match à domicile face à l’Olympique de Marseille (ndlr : 8eme journée, première victoire des Canaris 2-1). Malgré nos résultats, le public a toujours répondu présent à la Beaujoire. A l’extérieur, j’ai surtout été marqué par l’ambiance du Parc des Princes, du Vélodrome et de Geoffroy-Guichard. C’est chaud. Quand tu joues dans ces stades, le public te met la pression. C’est assez impressionnant.
Il reste trois matchs à disputer et, de l’avis général, le FC Nantes est déjà condamné à évoluer en Ligue 2 la saison prochaine. Le mois de mai risque de vous paraître bien long, non ?C’est sûr que la situation est très difficile et que notre avenir en Ligue 1 est vraiment compromis. Comment terminer la saison ? En étant professionnel, tout simplement. On n’a pas le droit de baisser les bras. On doit essayer de prendre le maximum de points d’ici la fin du championnat et se faire plaisir à l’entraînement, dans le bon sens du terme. De toute façon, on est derniers. On ne peut pas descendre plus bas. L’objectif reste malgré tout le maintien. Mais pour y parvenir, il faudra prendre le plus de points possibles. Cette saison, on n’a pas su négocier certains virages. On a perdu des points contre tous nos concurrents pour le maintien, que ce soit Valenciennes, Troyes ou Sedan. A la limite, je dirais qu’on s’en est mieux sorti contre les grosses cylindrées. On a fait de bons matchs contre les grosses équipes. Peut-être étions-nous plus motivés pour affronter ces formations. C’est une erreur. Les rencontres les plus importantes étaient nos confrontations avec nos adversaires directs.
« Ces événements m’ont endurci »Qu’est-ce qui a fait défaut au FC Nantes cette saison ?On prend beaucoup de buts et on en marque très peu. On pèche dans la zone de vérité mais ce serait encore plus grave si on ne se procurait pas d’occasions. Il ne faut pas tout remettre en cause, c’est juste un problème d’efficacité.
Avec deux changements d’entraîneur cette saison, le club s’est aussi fait remarquer par son instabilité…Et nous, les joueurs, on y est pour quelque chose. Quand les choses tournent mal, c’est l’entraîneur qui trinque alors que ce sont les joueurs qui sont sur le terrain. On se sent fautifs. J’ai été beaucoup affecté par le départ de Serge Le Dizet. C’est lui qui m’a lancé dans le grand bain. Je ne le remercierai jamais assez. En début de saison, il m’avait confié qu’il comptait sur moi. J’ai travaillé pour ne pas le décevoir.
Fabien Barthez ne vous aurait pas ménagé cette saison, vous reprochant ouvertement et sans détour votre manque d’implication dans le repli défensif. Ses propos vous auraient affecté. Etiez-vous en conflit avec le vice-champion du monde ?Ces événements m’ont endurci. Tout footballeur passe par ces moments-là. Pour ma part, j’ai continué à travailler. J’ai toujours reconnu qu’on pouvait me reprocher mon manque d’investissement défensif à certains moments dans un match mais pas sur l’intégralité d’une rencontre. Je sais que je dois progresser physiquement, densifier mon volume de jeu. Mentalement, ça m’a enrichi. Après, ce qui s’est passé avec Fabien Barthez, ça fait partie de la vie d’un groupe. La conclusion, c’est qu’il faut jouer pour le club. Ce qui compte, c’est de sauver le FC Nantes. Les supporters, il faut les applaudir. Ils sont plus de 30 000 à nous soutenir à la Beaujoire. Je ne pense pas qu’à leur place j’irais au stade à ce moment de la saison alors qu’on est vingtièmes.
Les images du tacle par derrière dont vous avez été victime de la part de l’ex-gardien nantais lors d’une séance d’entraînement ont été largement diffusées. Qu’avez-vous ressenti à ce moment-là ?Quel que soit l’auteur ou la victime, je me suis dit qu’on avait besoin de tout le monde et que ça serait bête de se blesser à l’entraînement. Mais ça aurait pu mal finir. Je ne sais pas si certains bénéficient de statut privilégié. Ça m’a un peu marqué.
Fabien Barthez vient de quitter Nantes prématurément. Que vous inspire ce départ ?Il doit avoir ses raisons.
« Pour l’instant, je suis nantais »Le regrettez-vous ?Ça fait toujours chier qu’un mec parte. L’objectif, c’est de gagner des matchs, avec ou sans lui. Maintenant, me concernant, j’ai tourné la page. Je ne suis pas rancunier.
Jean-Jacques Pierre reprochait à certains membres du groupe un comportement de tricheur. Vous sentez-vous concerné par ces propos ?Il a parlé de tricheurs mais il n’a pas cité de noms. Ce n’est pas ce genre de déclaration qui va m’inciter à travailler ou pas. Quoi qu’il en soit, je fais abstraction de ce que l’on peut dire sur moi. Certains pensent également que j’ai pris la grosse tête… Non, je suis toujours le même.
Votre remplacement express à Saint-Etienne, moins de vingt minutes après votre entrée sur le terrain, est-il oublié ?Oui. Dès le lendemain, c’était digéré. Ce n’était pas une humiliation, même si c’est très difficile à vivre. J’ai été soutenu par mon entourage et par des mecs du groupe. Ça fait partie de la formation. Ce sont des choses qu’on voit en CFA.
Vous êtes désormais pensionnaire de l’équipe de France Espoirs. Quels objectifs vous-êtes vous fixé avec les Bleuets ?Ce n’est pas une fin en soi. Si je dois être convoqué en sélection, c’est parce que je suis performant avec le FC Nantes. Si ce n’est pas le cas, je ne serai pas retenu. La sélection Espoirs, c’est un très bon niveau, ça ferait une bonne équipe de Ligue 1. On a un match éliminatoire pour le championnat d’Europe face à la Roumanie, début juin à Brest. Si je suis sélectionné, je terminerais la saison plus tard. J’espère ne pas accuser le contrecoup physiquement. Et j’espère aussi pouvoir rentrer à la Réunion cet été car ça fait un an que je n’y suis pas retourné. L’hiver dernier, la trêve était trop courte.
A votre retour de la Réunion, serez-vous toujours nantais, même en cas de descente en Ligue 2, sachant que le staff comme les dirigeants comptent sur vous la saison prochaine ?Je ne sais pas. Il nous reste trois matchs à disputer cette saison. Pour l’instant, je suis nantais… La Ligue 2, j’en ai parlé avec Didier Digard qui joue en Espoirs et que j’ai côtoyé au Havre. Je sais que c’est plus physique, plus athlétique. Aujourd’hui, je ne sais pas quand je rencontrerai les dirigeants. Il n’y a rien de prévu.
Source : Football365
Mar 8 Mai - 20:12
